« On se fait emplafonner par le réel ! », s’exclame, non sans passion, Emmanuelle Jouan, directrice du théâtre Louis-Aragon, à la faveur de l’entretien qu’elle nous a accordé au sortir du premier tour des élections législatives. On est en droit de comprendre ses inquiétudes car la culture est un enjeu essentiel des choix politiques. « On espère que tout ce qu’on a pensé et programmé pour cette nouvelle saison pourra se réaliser. »
L’ambition de la programmation ? « Donner de l’émerveillement, inciter à réfléchir et à se mobiliser », poursuit-elle, confiant que parmi les thèmes qui sous-tendent la saison à venir figure en bonne place la question du vivre-ensemble et de la diversité. Et, bien sûr, le rapport de l’humain avec la nature dans le cadre de la crise écologique.
Des artistes associés en lien avec les habitants
« Nos artistes sont tous très engagés ; ils ne sont pas hors-sol », commente Emmanuelle Jouan. « Ce sont des éponges. » Elle n’oublie pas non plus les artistes associés, en résidence, qui travaillent sur le territoire en compagnie des habitants. Les spectacles qu’il ne faut pas manquer ? « Je les défends tous », dit-elle, citant tout de même la journée du 21 septembre 2024 consacrée à l’ouverture de saison (voir le détail), « car tout est gratuit », le spectacle d’humour de Djamil le Shlag, le 3 octobre, et Je badine avec l’amour, de Sylvain Riéjou, le 16 novembre. Elle ne tarit pas d’éloges à propos des Messagères (le 1er février 2025), de Jean Bellorini qui « témoigne d’un engagement très fort », et de Jean D’Amérique (le 4 décembre 2024), « un jeune écrivain haïtien qui lit ses textes en slam entouré de musiciens. Il y a une force extraordinaire qui traduit la violence qui règne en Haïti ; ses créations développent quelque chose d’universel. Au fond, ça parle de chacun d’entre nous ; il parvient à sublimer la réalité. »