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Territoire(s) de la danse 2014-2015

À lui tout seul, Bernardo Montet est un monde, un monde en marche et en danse. Né d’un père guyanais et d’une mère vietnamienne, il passe son enfance au Tchad avant de se former à la danse chez Maurice Béjart. Son parcours de danseur et chorégraphe passe également par le Japon, avec de nombreux allers-retours en Afrique. Celui qui fut directeur de deux Centres Chorégraphiques Nationaux (Rennes avec Catherine Diverrès et ensuite Tours) garde pourtant une posture très singulière dans le paysage chorégraphique français : au cœur de sa démarche, notre rapport avec l’Autre, dans toute sa vulnérabilité, et avec l’ailleurs, comme porteur de bouleversements et de déplacements. La vingtaine de pièces qu’il a créées sont portées par l’exigence et la radicalité, et traitent de sujets qui lui sont chers : le colonialisme, la mémoire, l’identité, la conscience des corps, la résistance… Chaque chorégraphie surgit de la précédente pour tisser une image à la fois semblable et différente : les corps, dans leur dimension poétique et politique, rejouent le monde qui nous entoure. En 2012, Bernardo Montet accompagne Madeleine Louarn pour Les Oiseaux d’Aristophane, pièce conçue avec les comédiens handicapés de l’atelier Catalyse. De cette expérience naîtra (Des)incarnat(s), duo de danse entre Bernardo Montet et Jean-Claude Pouliquen, sur la notion de Vulnérable. Il développe parallèlement des projets singuliers pour la ville comme La Marche des anges (2007) ou Veiller par le geste (2008).

Le projet de résidence 2014-2015

En 2009, Le Théâtre Louis Aragon avait accueilli pour la première fois une création de Bernardo Montet, Apertae, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Après, sa compagnie a repris son autonomie en quittant la direction du Centre Chorégraphique National de Tours (CCN) et son travail nécessite de nouveaux points d’ancrage. Elle a la particularité d’être riche d’une très forte expérience d’implantation sur un territoire, tout en sachant conduire une démarche de création ambitieuse. La résidence 2015 a été le prolongement d’une première année de résidence effectuée en 2014, qui reprenait les deux thématiques creusées par Bernardo Montet ces derniers temps : le Vulnérable, et la négation de l’état d’être humain dans l’humanité même (création Lux Tenebrae autour du code noir pendant la résidence). Cette deuxième année nous a permis de consolider la thématique et certains partenariats, et d’offrir à la compagnie un ancrage francilien. Bernardo Montet profite de cette nouvelle résidence pour travailler sur la reprise d’une ancienne pièce, O.more, pour 6 danseurs et 3 musiciens gnawas, sur le mythe d’Othello.

  • La démarche artistique autour de la notion de Vulnérabilité

Le « Môm’arts »
Véritable temps fort de pratique artistique à destination des enfants, le Môm’arts était un événement où les artistes de la compagnie (danseurs, plasticien, musicien…) investissaient tous les espaces du TLA pendant une semaine, littéralement transformé pour l’occasion par l’artiste plasticien Skall. Quatre danseurs ont mené chacun un atelier dans un lieu différent, sur la thématique du Vulnérable. Les enfants entraient tout autant dans un dispositif plastique que dans un atelier, dans le but d’éprouver des sensations, d’expérimenter sa propre fragilité, de se déstabiliser. Ils ont éprouvé le sable, le noir, les fumigènes, la lumière noire… tout en mettant en jeu le corps, la danse, le rythme. Les ateliers ont nécessité un travail collectif qui imposait de traverser les notions d’interdépendance et de vulnérabilité à l’autre. La demi-journée de présence dans le Môm’arts s’achevait pour chacun par le partage d’un goûter où les sens étaient également mis en jeu. La mixité des participant a contribué à la réussite du projet (écoles, centres de loisirs, enfants autistes, centre social, association familiale). 

Le projet « ChOral » 
Le chorégraphe Bernardo Montet et le contrebassiste et slameur Dgiz sont venu une semaine dans la vie d’une classe de CM1 du centre-ville de Tremblay-en-France pour un projet mêlant corps et voix, dans le but d’une véritable création collective. Les enfants ont travaillé sur la thématique de leur vie quotidienne et à partir de leur imaginaire, et ont découvert comment l’improvisation pouvait prendre place dans une création collective. La restitution a également invité le danseur Tremblaysien RV Sika à participer, et a eu lieu sur l’esplanade des Droits de l’Homme devant le TLA pendant CQFD 2015, réunissant beaucoup de monde (les parents, le public de CQFD, et les curieux dans l’espace public).

  • Le partage des démarches de création

Ateliers de pratique avec l'association Couleurs et Création de Claye-Souilly
Le danseur Dimitri Tsiapkinis de la compagnie Mawguerite est intervenu pour des ateliers de pratique avec l’association Couleurs et Création, qui regroupe des adultes handicapés. Moment de partage autour du processus qui a conduit le chorégraphe au travail de (Des)incarnat(s), duo avec un acteur handicapé mental. Les ateliers avaient la particularité de mettre les participants au cœur du processus créatif, notamment en les sollicitant pour des exercices d’improvisation. Ces improvisations ont servi de base de travail aux participants pour la création d’un duo dansé. 

Les ateliers avec les lycéens de l’option théâtre du Lycée Blaise Cendrars à Sevran autour de « Lux Tenebrae »
Avec un groupe de lycéens de terminales et de première, le projet s’est articulé autour des thématiques de la nouvelle création de Bernardo Montet, Lux Tenebrae, sur les pratiques de domination de l’homme par l’homme instituées par le code noir durant l’esclavagisme.

Sensibilisation autour de la pièce « Lux Tenebrae » avec des danseurs amateurs
Les élèves du Conservatoire de Livry-Gargan ont expérimenté, à travers la pratique, le processus de création de Lux Tenebrae avec le danseur Marc Veh, tandis que Bernardo Montet est intervenu au Conservatoire de Tremblay-en-France.

Les répétitions ouvertes pendant la création de « Lux Tenebrae » 
Bernardo Montet a réservé deux temps d’ouverture de ses répétitions de la pièce Lux Tenebrae, pour les élèves du Lycée Fénelon de Vaujours et ceux du Lycée Blaise Cendrars de Sevran. Ces répétitions ont été suivi d'échanges avec le public.

La classe de danse
Bernardo Montet à ouvert certaines matinées de ses répétitions pour proposer, en même temps que pour les danseurs de sa compagnie, une classe de danse aux danseurs professionnels et aux professeurs de danse du territoire. 

  • Le partage d’une démarche autour du Vulnérable

Ateliers avec l'association Couleur et Création de Claye-Souilly
Cet atelier a été la poursuite du travail entamé avec la compagnie et l’association Couleur et création l’année dernière, avec des adultes handicapés mentaux de plus de 45 ans. Cette fois, fut associé au projet Adil Amimi, maître de musique Gnawa, qui a accompagné tous les ateliers avec cette musique thérapeutique d’origine marocaine. À travers les notions d’épanouissement, de laisser libre cours à l’imagination de chacun pour se réapproprier des mouvements et les réinvestir en improvisations, de prise de conscience de son corps et de sa mise en espace, les participants ont pu appréhender le corps de l’autre dans le cadre d’un travail autour du groupe, et s’engager dans une relation intime à la musique, au rythme. Le projet a été restitué lors des soirées CQFD 2015.

Atelier de sensibilisation à la danse contemporaine et à la musique gnawa 
Cet atelier, mené par Dimitri Tsiapkinis et Adil Amimi (interprète de la compagnie), a été proposé aux personnes en situation de handicap mental, usagers du Foyer Saint Louis de Villepinte et usagers de la maison d’accueil spécialisée de ce centre. Compte tenu de la spécificité des participants qui n’ont jamais bénéficié de ce genre de pratique artistique, l’atelier s’est basé sur une découverte de la danse, une prise en compte de son corps et de l’autre, et un travail sur la rythmique.

Atelier et rencontre avec les détenus de la Maison d’Arrêt de Villepinte 
Un atelier en lien avec la thématique de Lux Tenebrae et la notion de Vulnérable. Appréhender la danse contemporaine comme empreinte de métissage entre arts martiaux, danse bûto, transe rituelle…, prendre conscience de l’intention individuelle et collective grâce à l’imaginaire, enrichir son imaginaire par la lecture d’un poème d’Aimé Césaire, faire résonner la danse contemporaine avec la musique gnawa, musique thérapeutique et traditionnelle marocaine. Comment dire la force de la danse lorsqu’elle révèle la beauté de nos fragilités ? Le projet d’atelier a été accompagné d’une représentation sur place d’une forme nomade du spectacle de Bernardo Montet Lux Tenebrae. Des détenus ont pu bénéficier d’une autorisation de sortie pour aller au théâtre voir le spectacle. La restitution s’est faite sous la forme d’une exposition de photographies prises lors de l’atelier pendant CQFD 2015. L’équipe a ensuite poursuivi dans ce sens avec un nouvel atelier lors de sa venue à la fin de l’année, autour du spectacle O. More.


La Marche Pas à Pas 
Grand moment fédérateur avec des danseurs et des non-danseurs, la Marche est un projet participatif qui réunit tous les participants dans l’espace public. Conçue comme un espace poétique et politique, ce projet fut l’expérimentation d’une marche de 30 minutes sur 100 mètres, comme un espace de ralentissement où l’on peut prendre le temps d’être ensemble, sans céder à la démonstration. Projet réalisé par Bernardo Montet avec Dimitri Tsiapkinis, Dominique Jégou, Raphaëlle Delaunay, Marc Veh, Dgiz de la compagnie Mawguerite.

  • Le partage de l’univers artistique de « O.More »

Atelier au Lycée Blaise Cendrars de Sevran 
Un atelier avec les élèves de l’option théâtre, sur les thématiques du spectacle O.More de Bernardo Montet inspiré d’Othello de Shakespeare : Comment les figures emblématiques du théâtre nous interrogent-elles ?

Sensibilisation au Lycée Jean Rostand de Villepinte 
Une rencontre a été organisé avec une classe de 2nde enseignement exploration autour du spectacle O.More.
 

  • Les actes artistiques hors-les-murs

« Lux Tenebrae Nomade »
Suite à la création de Lux Tenebrae lors de la résidence 2015, Bernardo Montet en a extrait une forme courte et nomade pouvant être donnée dans des espaces non dédiés à la représentation. Elle a été jouée à la Maison d’Arrêt de Villepinte, et au studio du TLA pour l’association Couleurs et Création de Claye-Souilly. Elle a été suivie à chaque fois d’une discussion ouverte avec l’équipe artistique.

« O.More Nomade » 
La création de O.More a donné lieu à des représentations hors les murs, avec les danseurs et les musiciens gnawas : une représentation au Parc de la Poudrerie de Sevran pour les Journée du Patrimoine dans le cadre de 3D Danse Dehors Dedans, et une représentation à la Maison d’Arrêt de Villepinte suivie d’un atelier avec les détenus.

  • Saison 2013-2014 

    • En avant-goût de la résidence, le Théâtre Louis Aragon a mis en place un croisement avec la résidence de l’Orchestre Symphonique Divertimento dans la Communauté d’Agglomération Terres de France : lors de la programmation d’une soirée avec l’orchestre le 9 novembre 2013, Bernardo Montet a proposé Aire de jeux, un court moment spectaculaire impromptu avant-concert et après-concert où un danseur de la compagnie rencontre un musicien de l’orchestre.

    • Môm’arts, du 15 au 21 mai 2014.

    • (Des)incarnat(s), le 24 mai 2014.

    • Aire de jeux / Bach, Avignon / La belle scène saint denis 2014 :  7 représentations 

  • Saison 2015-2016 

    • O.More, le 13 février 2016

    • O.More Nomade, les 19 septembre et 26 octobre 2016 : 2 représentations


Le soutien à la création
Le Théâtre Louis Aragon a coproduit la re-création de O.More, et a accueillit pour trois semaines de répétitions de la pièce au plateau avec l'équipe technique.

Par ailleurs, une enveloppe spécialement dédiée à cette création est comprise dans l’aide à la résidence versée à la compagnie.

Sur son site ici : ciemawguerite.com

Sur ses réseaux ici : @CieMawguerite